Portrait du mois
Xavier Van Gaver
Nous recevons ce mois-ci Xavier Van Gaver : il nous donne un regard avisé sur le parahockey, fruit de son expérience personnelle et professionnelle. Un sage nous parle : écoutons-le !
H.T. : Bonjour, Xavier. Je te sais très occupé : merci de répondre à cette interview. Laisse-moi te présenter en 4 mots : hockeyeur, kinésithérapeute, coach et papa. C’est bien cela ?
V.G. : Bonjour Etienne, désolé pour le délai de réponse mais en effet je suis fort occupé. Je mettais un point d’honneur à te répondre malgré tout. Pour faire bref, joueur de hockey, je ne le suis plus mais je pense qu’on reste hockeyeur à vie ;-). Concernant le coaching, j’ai fait un pas de côté depuis mai 2022. Je pratique la kinésithérapie depuis 2014 et je suis Papa d’une petite Roxane qui vient de fêter ses 4 ans fin mars dernier et bientôt d’un petit garçon qui naitra début juin.
H.T. : Toutes mes félicitations. Je commence par la fin. Papa ?
V.G. Comme je le disais, nous sommes parents d’une magnifique petite princesse de 4 ans qui risque de commencer le hockey d’ici quelques semaines.
H.T. : Être Papa, ça change la vie, j’imagine. Est-ce pour cela que tu as mis fin à ta carrière de coach à Louvain-la-Neuve, en plein succès ?
V.G. : En effet, j’ai fait le choix de m’occuper de ma petite équipe à la maison qui s’agrandira prochainement. Concernant l’arrêt lors de la montée en division 1, ceci était mon choix annoncé au préalable à mon board de LLN et heureusement, nous avons atteint notre objectif en fin de saison. Je ne voulais pas commencer un nouveau cycle pour le maintien en D1, donc je me suis occupé au plus tôt de la transition et des transferts nécessaires afin de réorganiser le staff et l’équipe pour la saison d’après.
H.T. : Remporter un titre, accéder à la division supérieure, ce n’est pas rien. On te regrette sûrement, et toi, as-tu des regrets ou cette pause, c’était le bon choix ?
V.G. : Je ne sais pas si on me regrette mais de mon côté, je suis sûr que c’était le bon choix pour le bien du projet de Louvain la Neuve et notre équilibre familial.
H.T. : Il y a aussi ton cabinet de kiné, qui t’occupe plein temps. Il est ouvert depuis combien d’années ?
V.G. : Mon premier centre paramédical a ouvert en 2015. J’ai élargi l’offre en ouvrant le centre médical juste à côté, il y a plus de deux ans maintenant. Nous comptons 25 thérapeutes, donc ceci m’occupe beaucoup, tant dans la gestion de ceux-ci que dans ma pratique de thérapeute.
H.T. : C’est au kiné que je m’adresse : y reçois-tu beaucoup de hockeyeurs ? Pour quels types de lésions ? Le hockey, avec les progrès apportés aux nouveaux terrains et aux nouveaux équipements, est-il un sport plus recommandable que jadis, pour le dos et pour les articulations, en particulier ?
V.G. : Nous recevons beaucoup de hockeyeurs car nous sommes plusieurs thérapeutes issus du monde du hockey :-). Ça dépend de chaque thérapeute mais personnellement, je m’occupe beaucoup de genoux et de dos de hockeyeurs. Les terrains ont fort évolué et les pathologies également en fonction des nouvelles surfaces. On retrouve pas mal de traumas directs, de déchirures musculaires ou de pathologies ligamentaires dues aux entorses de chevilles ou de genoux entre autres. Je ne pense pas qu’il soit plus ou moins recommandable que jadis.
H.T. : Avant de parler de santé et de parahockey, un mot de toi comme joueur : au Wellington, tu jouais au milieu du jeu, si je ne me trompe, tu étais calme, posé, tu organisais la défense, bonne vision du jeu, capitaine aussi ? Corrige-moi ! Autant de prémisses à des fonctions de coach …
V.G. : J’ai joué à toutes les places au Well. J’étais assez calme et j’essayais d’analyser le jeu un maximum. Je n’ai pas été capitaine mais le leadership est un de mes traits de caractère. Ceci m’a clairement dirigé vers mes activités de coach depuis l’âge de 15 ans avec Gab Tuscher au Well.
H.T. : Venons-en à ce qui m’a amené à te demander cette interview. Hockey Together, la famille Van Gaver connaît bien. C’est à ton Papa que l’on doit d’avoir reçu plusieurs fois les résidents de La Maisonnée, à Ittre pour une initiation au parahockey. Ta sœur Justine, qui a fait la médecine, m’a aidé dans mes entrainements du vendredi soir au Wellington, avant d’exercer à l’Hôpital de Charleroi. Et toi, tu as participé dès le début à Hockey Together : entrainements, réunion multisports pour handicapés en 2010, animation avec des slides d’une soirée sur le parahockey à laquelle étaient invités des kinés : autant de bons souvenirs. Et qui mieux que toi pourrait répondre à cette question : qu’apporte le parahockey à des personnes en situation de handicap ?
V.G. : Comme je l’ai toujours dit, le parahockey véhicule de la même manière les bienfaits du sport et les valeurs que le hockey transmet à tout le monde. Le dépassement de soi, l’organisation autour d’un plaisir commun, l’apprentissage du vivre ensemble et le sentiment de plaisir lié au sport.
H.T. : Une chose m’interpelle et parfois m’inquiète, à vrai dire : la place énorme que prend le hockey dans leur vie. Cela rythme leur semaine, ils sont « en manque » quand l’entrainement doit être annulé, presque tous continuent, une fois qu’ils y ont pris goût, ils jouent avec nous depuis 8 ans, 9 ans, 10 ans. Kevin, notre premier inscrit, le fait 2 fois par semaine, depuis 14 ans ! Tant mieux d’un côté … Ton avis ?
V.G. : Ceci ne m’inquiète pas et me rassure. Ce que leur apporte le hockey 1 , 2 , 3 fois par semaine est bien plus enrichissant et constructif que de passer ce temps seul devant un écran ou autres activités qui sont délétères au niveau bio psycho-social.
H.T. : Chez Hockey Together, nous nous sommes toujours gardés d’interférer dans la santé des pratiquants. Lors de leur inscription, ils font mention simplement de leur handicap, certifient que leur médecin traitant les autorise à jouer au hockey et nous les assurons via leur affiliation à l’ARBH. C’est tout : pas de visite médicale – nous pensons qu’ils sont suivis plus que quiconque -, chacun vient comme il est, un simple numéro d’appel en cas d’urgence est demandé. Est-ce assez, doit-on en savoir plus ? Je me fie à ce que les parents m’en disent, c’est une question de confiance, je ne demande pas à savoir … : un questionnaire médical ou davantage d’informations seraient-ils bienvenus, d’après toi ?
V.G. : Je pense que les informations qui amènent un risque pour la santé du participant doivent être annoncées par les parents mais ceci ne nécessite pas un contrôle médical mais uniquement du bon sens.
H.T. : Une dernière question : les kinésithérapeutes pourraient recommander, j’imagine, le parahockey comme pratique sportive à certains de leurs patients. Qu’est-ce qu’il leur serait utile, pour ce faire ? Comment les approcher, les informer ?
V.G. : Je pense que des supports proposés aux kinés et médecins spécialisés dans le handicap seraient déjà une bonne manière de les intéresser.
H.T. : Veux-tu ajouter quelque chose ?
V.G. : Je voulais encore te féliciter et te remercier pour ce que tu fais pour eux. Tu dois être fier et ne surtout pas douter du bien que tu fais aux autres ! Merci pour tout ça !
H.T. : Merci beaucoup pour tes conseils, Xavier. Bonne continuation, au plaisir de te revoir sur ou au bord d’un terrain, avec ou sans Hockey Together !
V.G. Merci à toi ! Et à très vite au Well !!